Zoom sur des enduits à Châtillon-sur-Chalaronne
Ce jeudi 14 septembre, faisant partie de l’association Initiative Commune, j’ai eu l’honneur d’être invité sur le chantier d’Hervé Martineau, qui s’occupe de mettre en œuvre les enduits en terre et les enduits à la chaux de la Recyclerie à Châtillon-sur-Chalaronne.
ZOOM SUR LES MURS EXTERIEURS
Tout d’abord, les enduits à la chaux ne concernent que les murs extérieurs, car la chaux a une bonne résistance face aux intempéries et a une moyenne de vie de 50ans.
Il faut savoir que le bâtiment de la recyclerie est conçu pour être le plus bas carbone possible. D’ailleurs nous vous expliquons ce qu'est être éco-responsable dans notre article précédent, que nous vous invitions à lire avant.
Pour se faire, le mur côté extérieur se compose de plusieurs couches. Voici la liste en partant de l’intérieur du mur vers l’extérieur :
Sur de la fibre de bois compressée, vient se coller une trame de fibre de verre. Un mortier-colle composé de billes de verre expansées est ensuite appliqué sur cette trame. La chaux recouvrira le mortier. Hervé Martineau utilise de la chaux aérienne qu’il a préparé lui-même à partir de chaux vives. La chaux sera visible sur certains murs extérieurs de la recyclerie. Le reste des murs extérieurs seront habillés en bardage bois.
ZOOM SUR LES MURS INTERIEURS
A l’intérieur, certains murs sont recouverts d’un enduit à la terre crue. Il faut savoir que la terre utilisée pour les enduits se trouve être la terre du site et que la paille provient d’un agriculteur situé à Neuville-les-Dames.
La terre du site est plutôt limoneux-argileuse et la paille a été broyée en 30/50 (taille des tiges de pailles broyées en mm) avant d’être incorporée au mélange qui composera l’enduit terre.
Tout comme le procédé extérieur, les murs intérieurs ont une trame précise à respecter :
Sur l’isolant viennent se fixer des liteaux en bois placés à espaces réguliers (espaces de 40mm). Un premier mélange terre-paille-sable est projeté entre et sur ces liteaux pour créer une première couche de l’enduit, sur une épaisseur de 4 à 4.5cm. La seconde couche, composée elle aussi de terre-paille-sable, est appliquée deux mois plus tard sur une épaisseur de 1cm. L’enduit restera apparent. Une plinthe bois viendra protèger les pieds de mur sur 16cm de haut.
Nous leur avons demandé la recette utilisée pour les enduits et nous vous le partageons avec grand plaisir : pour la première couche, il faut 1 volume d’argile pour 0.5 de sable et 0.75 de paille broyée. La seconde couche nécessitera plus de sable et mois de paille pour avoir une finition plus fine.
Hervé Martineau est spécialisé dans les enduits traditionnels et applique régulièrement ses enduits à la main. Pour ce chantier d’exception, Hervé Martineau a fait appel à la société Calyclay en Drôme pour utiliser une machine à projeter et gagner en temps d’éxécution. Bien que le mélange terre-paille-sable fut projeté contre les murs, la finition à la taloche continue de se faire manuellement pour avoir un mur bien aplani et s’assurer que les pores du second enduit seront bien fermés.
Lors de notre visite, nous avons pu assister au rendu de la première couche de l’enduit et nous avons pu tester la plasticité de l’enduit terre. Il s’avère que c’est un mélange très collant. Ce mélange collant n’a pourtant pas empêché l’utilisation de la machine à projeter car le graissage des tuyaux à l’aide d’une barbotine a été bien respecté en amont !
L’entreprise Hervé Martineau avait déjà réalisé un chantier public par le passé, avec l’école primaire ‘‘Fil d’or’’ de Trévoux. Pour l’occasion de ce chantier, l’entreprise avait réalisé un livret de réparation qui permet aux petits comme aux grands d’être guidés dans la réparation d’un mur en terre si une fissure ou un éclat venait à arriver.
Nous avons aimé cette idée du livret faisant office de SAV. Cela offre la possibilité de sensibiliser les enfants à la construction en terre crue mais aussi de leur donner les moyens de le réparer et le conserver en bon état. Cela est aussi un apprentissage enrichissant pour les adultes qui peuvent prendre conscience des avantages et de la facilité de mise en œuvre d’un enduit terre. Et nous espérons que les petits gestes comme celui du livret participeront à l’évolution et la démocratisation de la construction en terre crue.
L’association et moi-même remercions Hervé Martineau pour avoir accepté de nous recevoir sur son chantier. Et nous remercions également Marie, architecte de formation et maçonne en restauration des bâtis anciens dans l’entreprise depuis 4 ans, qui nous a accueillie et nous a expliqué leur mission et les caractéristiques des enduits terre. Nous remercions également la communauté de communes de la Dombes pour leur présence.
